Les modèles alimentaires varient selon l’espace et le temps. S’il est possible d’affirmer qu’ils ont un impact sur la santé, il n’existe pas de modèle alimentaire universel idéal.
Les modèles alimentaires varient selon l’espace et le temps. S’il est possible d’affirmer qu’ils ont un impact sur la santé, il n’existe pas de modèle alimentaire universel idéal. Aucun de ceux qui préconisent une composition précise d’aliments ou qui en excluent d’autres n’a de rationalité scientifique suffisamment forte pour s’imposer à tous.
Cependant parmi les exemples existants, le modèle méditerranéen dont fait partie le régime alimentaire des Algériens apparait comme l’un des plus intéressants. Sa pratique est associée à une moindre prévalence des maladies cardio-métaboliques et du cancer. Ce modèle de base loué par tous les spécialistes aurait pu être le socle de la pratique alimentaire algérienne, si ce n’est la déviation induite par les politiques publiques, et notamment les subventions. Partis d’une volonté de réduire la pauvreté en augmentant la ration alimentaire des Algériens, les pouvoirs publics, de par leurs politiques volontaristes, ont complètement métamorphosé le régime alimentaire des Algériens, lequel s’est éloigné du modèle de base où le blé dur et la consommation des fruits et légumes, des huiles d’olive occupaient une place centrale, pour se diriger vers un modèle où le blé tendre et le lait sont devenus les produits principaux qui composent le panier moyen de consommation.
Dans cet article, l’auteur veut mettre en lumière les impacts négatifs des politiques de subventions universelles non ciblées, pratiquées par les pouvoirs publics en Algérie, tant sur le budget de l’État en termes de finances publiques que sur la santé publique. Un lien direct est établi entre les interventions de l’Etat sur les prix et le changement du modèle alimentaire des Algériens. Ce changement amorce une nouvelle phase de transition qui s’approche du modèle occidental en matière de pratiques et habitudes de consommation, ce qui n’est pas sans conséquences sur la santé des citoyens.
Signalons d’abord qu’il n’existe pas de définition officielle du modèle alimentaire. Toutefois, les spécialistes s’accordent sur le fait que le modèle alimentaire est un système élaboré à partir d’un ensemble de règles, de choix et de pratiques d’ordre technique, social, symbolique et politique et va bien au-delà de la nature des aliments consommés. Il se trouve au confluent de la culture du pays dont l’identité et les valeurs de la société et des individus qui la composent, de sa situation économique, de la politique publique de l’État, des revenus des ménages et de l’état sanitaire de la population.
Il n’y a pas si longtemps, l’Algérien s’alimentait des produits agricoles cultivés dans nos terroirs, avec un régime alimentaire à base de blé dur (couscous, chakhchoukha, kasra), agrémentés de légumes, peu de viandes et des fruits locaux. C’est le modèle de la pyramide méditerranéenne.
Le régime alimentaire méditerranéen est une pratique traditionnelle dans plusieurs pays autour de la mer Méditerranée. Il est caractérisé par la consommation en abondance de céréales, légumineuses, fruits, herbes aromatiques et huile d’olive et par une consommation modérée de produits laitiers d’origine variée (chèvre et brebis essentiellement la vache dans une moindre mesure), d’œufs et de vin, ainsi qu’une consommation limitée de poisson et faible en viandes.
Ce modèle originel est loué par tous les spécialistes comme un régime hautement bénéfique au vu de ses vertus nutritionnistes. Reconnu par l’OMS et la FAO comme un modèle alimentaire de qualité, sain et durable, il constitue l’un des meilleurs moyens de prévention sanitaire par l’alimentation.
Malheureusement, ce modèle ancré dans la tradition alimentaire des Algériens commence à péricliter et a tendance à disparaitre principalement dans les zones urbaines pour laisser place à des pratiques alimentaires, relevant de ce qu’on appelle l’occidentalisation de l’alimentation, et dominées par le fast-food et la consommation à grande échelle des produits transformés, riches en céréales raffinées, en graisses animales, en sucres, en viandes transformées… mais pauvres en légumineuses, en céréales complètes et en fruits et légumes.
Les pratiques alimentaires mutent sous l’impulsion de divers phénomènes socioculturels et économiques. C’est le cas en Algérie où Le régime alimentaire méditerranéen a perdu du terrain pour différentes raisons, liées à la mondialisation d’un côté et principalement aux politiques publiques.
L’évolution de la consommation alimentaire est le reflet des transformations au sein de la société. Elle ne peut être appréhendée qu’à travers l’analyse des facteurs technologiques, sociologiques, économiques et culturels, mais aussi politiques. En effet, les modifications des modes de vie engendrent des changements notables au niveau des comportements alimentaires et des pratiques des consommateurs.
Pour l’Algérie, l’évolution des pratiques alimentaires est indissociable de l’engagement de l’Etat dans des politiques publiques volontaristes. La politique alimentaire a été articulée autour des plans de développement initiés par l’Algérie après l’indépendance. Elle avait comme objectif premier, de corriger les défaillances alimentaires et nutritionnelles héritées de la période coloniale et en second lieu d’augmenter le degré d’autosuffisance en matière d’approvisionnement en assurant à la population une disponibilité alimentaire stable. Pour y parvenir, l’État a mis en œuvre plusieurs mécanismes dans le cadre des politiques impulsées par les plans de développement économique.
Cette implication des pouvoirs publics a eu des conséquences directes sur les produits consommés, que ce soit sur le plan quantitatif ou qualitatif.
Depuis 1962, la consommation des algériens a beaucoup progressé quantativement, au niveau de la ration alimentaire, mais reste qualitativement insuffisante et déséquilibrée.
La ration alimentaire est la quantité des aliments qu’une personne doit consommer par jour afin de subvenir aux besoins de son corps. Elle correspond à l’ensemble des repas et des collations d’une journée. Elle est calculée par ration alimentaire moyenne, exprimée en calories.
Ces différents facteurs ont contribué à influencer directement le modèle alimentaire des Algériens, lequel a beaucoup évolué et met à présent le pays dans une phase de transition alimentaire. En effet, les comportements et modes de consommation se sont éloignés du modèle de base à pyramide méditerranéenne et se rapprochent de plus en plus de celui des pays développés, devenant ainsi un vecteur de pathologies et de dépenses de santé croissantes.
Le mode de vie des Algériens a changé, probablement de manière irréversible. Une transformation sociale profonde avec une urbanisation croissante, un changement dans les habitudes vestimentaires et culinaires, est nettement perceptible.
Nous voyons bien que le modèle prévalant actuellement est celui du fast-food, du chawarma, de la « malbouffe » en somme. Nous passons d’un modèle où les produits du terroir étaient la première source de nutrition, vers un autre où les produits sont majoritairement importés à grands frais en devises. La faible diversification des produits consommés rend le régime alimentaire des Algériens qualitativement déséquilibré. Les Algériens ont délaissé la semoule au profit de la farine, et l’huile d’olives au profit de l’huile de soja. La baguette et la pizza, ont pris la place du pain maison à base de semoule. Les sucres et les graisses ont supplanté les apports en protéines végétales et entraîné la prolifération des maladies cardiovasculaires, du diabète, du surpoids et de l’obésité.
Ce nouveau mode de consommation découle essentiellement des politiques de subventions généralisées pratiquées par l’Etat, principalement en ce qui concerne le blé qui demeure le premier produit consommé par les Algériens et occupe également la tête de liste en matière de facture d’importation alimentaire. Dans les faits, ces politiques et mécanismes de soutien aux prix des produits alimentaires ont des effets pervers. Ils ont conduit à une forte pénalisation du développement de la production locale au profit des importations massives, ainsi qu’un gaspillage des aliments dont le prix payé par le consommateur n’est pas dépendant des coûts de production réels. Ces politiques de soutien exigent aussi des efforts budgétaires importants qui plombent le budget de l’Etat.
Si on considère que la sécurité alimentaire d’un pays est corolaire de sa capacité à se procurer au moment voulu en quantité et en qualité nécessaire son alimentation, on peut affirmer sans risque d’être contredit que cet objectif est amplement mais onéreusement atteint. Le premier perdant dans cette course à l’autosuffisance alimentaire est le consommateur algérien qui a perdu ses repères culinaires et culturels. En fait, l’Algérie vit actuellement une période de transition nutritionnelle, qui peut basculer définitivement. Les consommateurs construisent leur nouvelle identité alimentaire à partir de plusieurs références, métissant les éléments de plusieurs répertoires. Ce brassage combine des comportements issus de la modernité (acheter des repas prêts, manger au fast-food…) et de la tradition. En plus des changements de comportements, les Algériens s’orientent vers la consommation des produits transformés sans valeur nutritionnelle ajoutée, comme la baguette, le sachet de lait ou la pizza.
Ce basculement est source de plusieurs problèmes : En termes de santé publique en premier lieu et en second lieu une facture alimentaire très lourde sur les finances publiques. D’où l’intérêt qu’aurait l’État à revoir ses politiques économiques publiques.
Le premier levier sur lequel l’Etat doit intervenir est la révision de sa doctrine de subvention massive des produits alimentaires, , et l’adoption de politiques de subvention plus ciblées dans le but de préserver la santé des Algériens en premier lieu et en second lieu, de mieux utiliser ses ressources financières. En conséquence, la question de la réforme des subventions se pose avec acuité.
Ceci ne signifie nullement la remise en cause de la politique sociale menée par le pays. Sa réforme est cependant indispensable et doit être entreprise dans le contexte d’une démarche globale visant à restaurer la viabilité des finances publiques du pays. Pour la mener à bien, il faut choisir le mécanisme alternatif qui convient à l’Algérie, ce qui implique également le choix des produits alimentaires subventionnés, soit directement ou indirectement, par l’encouragement d’une agriculture saine et biologique. Ces politiques doivent être en harmonie avec les repères culturels que de l’Algérien car un style alimentaire étant porteur de valeurs identitaires, il ne parait pas souhaitable d’imposer sans nuances un modèle qui se substituerait ou se surajouterait aux critères traditionnels, gastronomiques et symboliques, au risque d’entrainer de lourdes contraintes et une uniformisation peu souhaitable d’un point de vue sociologique. C’est pour cette raison que plusieurs spécialistes plaident pour le retour à la pyramide alimentaire méditerranéenne afin de moduler et de corriger les pratiques à risque et assurer une meilleure transition.
Hamidi Ouheb, consultant en finance, fondateur et rédacteur en chef du site www.algeriabusiness.info dédié à l’économie Algérienne
Bessaoud, Omar / Pelissier, Jean Paul / Rolland, Jean Pierre Paul / Kherchimi, Widded (2019) : Rapport de synthèse sur l’agriculture en Algérie, ENPARD Méditerranée
Chikhi, Kamel / Padila, Martine (2014) : Alimentation en Algérie, quelles formes de modernité ? Revue méditerranéenne d'économie, agriculture et environnement, N°13, 3, pp. 50-58
Djenane, Abdelmadjid (2012) : La dépendance alimentaire : un essai d’analyse, Confluences méditerranée, N°81
Frahi, Said (1999) : L’évolution de la consommation alimentaire en Algérie de 1962 aux années 90, Horizons Maghrébins - Le droit à la mémoire, N°37-38, pp. 151-157
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