20.04.2023

La jeunesse en Algérie : une catégorie sociale en constante transformation

En s’inspirant des études Shell sur les jeunes en Allemagne dans lesquelles des scientifiques et des instituts indépendants documentent depuis 1953 les points de vue, les humeurs et les attentes des jeunes en Allemagne, la Fondation Friedrich Ebert a mené en 2016/2017 sa première enquête représentative auprès d’adolescent.es et de jeunes adultes dans huit pays du Moyen Orient et d’Afrique du Nord.

En s’inspirant des études Shell sur les jeunes en Allemagne dans lesquelles des scientifiques et des instituts indépendants documentent depuis 1953 les points de vue, les humeurs et les attentes des jeunes en Allemagne, la Fondation Friedrich Ebert a mené en 2016/2017 sa première enquête représentative auprès d’adolescent.es et de jeunes adultes dans huit pays du Moyen Orient et d’Afrique du Nord. Près de 9.000 jeunes âgé.es de 16 à 30 ans ont ainsi été interrogé.es en Egypte, au Bahreïn, au Yémen, en Jordanie, au Liban (Libanais.es et refugié.es syrien.nes), au Maroc, en Palestine et en Tunisie. Les résultats offrent des aperçus fascinants sur leur façon d’aborder la vie, leur perception de soi et leur conception de l’avenir.

A la fin de l’année 2021 et faisant suite à cette première étude, une enquête quantitative visant à rendre compte de la situation des jeunes dans douze pays du Moyen Orient et d’Afrique du Nord et à actualiser les premières données, a été menée sur le terrain. En Algérie, cette enquête a touché un échantillon de plus de 1.000 jeunes algérien.es âgé.es de 16 à 30 ans et a généré une grande base de données de réponses à environ 200 questions concernant le contexte personnel des personnes interrogées et leurs réponses sur une variété de sujets.

L’analyse élaborée par la sociologue Khadidja Boussaïd, tente de rendre compte des résultats de cette base de données qui fournit des éléments quantitatifs permettant de décrire la situation socio-économique des jeunes et leur perception politique mais donne, également, des éléments de perspective avec les projections de cette jeunesse, notamment sur les questions d’avenir concernant la société et la migration.

L'analyse de la situation socioéconomique des jeunes a révélé que près de la moitié des jeunes interrogées estiment que leur situation économique est assez bonne, se situant ainsi dans une classe moyenne supérieure. Selon l’auteure de l’étude, cet écart de classe, notamment entre classe moyenne supérieure et inférieure, montre un processus de paupérisation de celle-ci depuis 2014 avec la chute des prix du pétrole, et avec la crise du Covid-19 en 2020, qui a impacté une majorité des répondant.es selon l’enquête.  

En termes de distribution des richesses entre les générations, les jeunes interrogé.es pensent en majorité que la répartition des richesses et l’accès aux ressources profitent plus à l’ancienne génération.

En ce qui concerne l’intérêt porté à la politique, l’enquête livre les chiffres suivants: seulement cinq pour cent des jeunes interrogé.es se disent très intéressé.es par la politique, 13 pour cent se disent intéressé.es, 24 pour cent sont un peu intéressé.es, et 58 déclarent qu’ils/elles ne le sont pas. Selon l’auteure, ces chiffres expriment une méfiance vis-à-vis des structures politiques, dont seulement 3 pour cent de l’échantillon concerné par l’étude est structuré dans un parti.

En conclusion, l’auteure explique que malgré le rôle que jouent les institutions primaires (la famille, les groupes de pairs) et secondaires (les espaces du religieux et le monde associatif) auprès des jeunes pour leur permettre une inclusion sociale suffisante afin de combler certaines de leurs attentes, la jeunesse reste une catégorie vulnérabilisée qui cherche des espaces d’expressions au-delà des difficultés qu’elle rencontre dans sa quotidienneté. Ces espaces peuvent être de l’ordre de l’informel de la migration ou du repli communautaire.

Néanmoins, la jeunesse reste une catégorie sociale vivante et en constante transformation, tant les facteurs qui influencent ses trajectoires sont multiples. Elle représente pour un pays comme l’Algérie une force démographique et une classe à haut potentiel économique. Investir auprès des jeunes par des politiques publiques ciblées est le garant d’un véritable tremplin pour le développement national.

Pour plus d’informations sur l’Étude régionale sur la jeunesse de la Fondation Friedrich Ebert ainsi que l’étude sur les jeunes en Algérie veuillez consulter ce site: mena.fes.de/fr/projets/etude-jeunesse

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